Article de la dépêche du 16/03/2025

Jusqu’au 31 mars, Stéphane Frey présente au Pôle Culture & Attractivité une exposition qu’il intitule Faunes Urbaines. Avec des personnages venus d’ailleurs ou de pas loin, au choix du visiteur. Héros de BD ? Mutants ? Clones de ET ? On pourrait les retrouver dans des albums ou dans quelque friche industrielle, tagués à l’aérographe dans le plus pur esprit du street art. Ils vous regardent, la face souvent mangée par des lunettes – écrans ou loupe – une tête hypertrophiée emmanchée sur un cou gracile. Figures d’un autre monde ? Pas sûr. Conversion talentueuse d’un monde d’humains en créatures presque animalières : chameau, hippo, batracien, autruche ? On ne jurerait pas de ce transformisme cerné souvent d’une profusion végétale aussi étrange qu’eux, entre jardin d’Eden et luxuriance tropicale. Stéphane Frey donne à tous et toutes – à charge pour le spectateur de les « genrer » – vie et humanité. Leurs yeux globuleux peuvent être écarquillés, pétillants d’humour ou éteints : ils appellent le spectateur à croiser leur faisceau, à pénétrer ces êtres énigmatiques qui, sous leur vestiaire punk (jean déchiré) ou Summer Love (chemise à fleur de l’uniforme hippie 1967), ont chacun leur caractère. Doctoral, pontifiant, un poil arrogant même chez ce savant qui se hausse du col, servi par un angle en contre-plongée, rieur chez ce dromadaire (ou hippo, les zoologistes trancheront), studieux chez ce binoclard aux airs de premier de classe, et surtout superbement tendre dans ce câlin triste entre deux jeunes autruches qui semblent se protéger l’une l’autre. Contre quel danger ? La jungle urbaine a aussi sa chaîne alimentaire et ses prédateurs. Le travail de Stéphane Frey plonge dans un univers où l’étrange est peut-être à portée de la main et l’aventure au coin de la rue. Accès libre aux heures d’ouverture du Pôle Culture.